Communication : souriez, vous êtes heureux !

Quand on fait de la com et qu’on veut faire passer un message commercial, généralement, on choisit des supports avec des gens qui ont le sourire. Et si sourire et communication étaient intimement liés ? Petite histoire du sourire à travers les âges.
Pour sourire, il faut une bouche, et la bouche, c’est… Mal !
Première condition du sourire : être humain ! Premières représentations de l’être humain ? Les peintures rupestres, les hiéroglyphes, les peintures religieuses. Les premiers supports de communication en somme. L’homme n’y est jamais représenté en train de sourire. Certes, dans ces cas précis, l’homme bosse, chasse, ou est un tantinet sérieux, voire en souffrance, dans la peinture chrétienne qui va dominer l’art pictural jusqu’à la Renaissance.
Faut dire que pour l’Église Catholique, le péché originel vient de la bouche : celle qui croqua la pomme ! Elle est donc associée au plaisir charnel, pas au bonheur. Les dieux hindous et Bouddha sourient depuis des siècles, eux !
Au-delà de la dimension symbolique, la bouche est considérée comme un orifice, à l’instar des autres. On ne l’ouvre que pour des raisons fonctionnelles : manger, parler, bâiller. Aucune raison ne justifie de s’y attarder trop. En plus, c’est par la bouche ouverte que les esprits malins pourraient rentrer et prendre possession de vous (qui n’a pas vu l’Exorciste ?), mieux vaut la fermer !
Le saviez-vous ? On met sa main devant sa bouche lorsque l’on baille chez les chrétiens, les musulmans et les hindous, pour éviter que l’âme ne s’échappe ou qu’un démon n’y entre.
Mais pourquoi on ne sourit pas juste du bord des lèvres ?
Rappelez-vous, la bouche, c’est le pêcher, le plaisir de la chair. On trouve bien quelques sourires sur des peintures flamandes, mais ce sont toujours des fous qui sourient.
Vous pensez déjà à la Joconde ? On va y venir. Sa notoriété est directement liée à son sourire. Léonard de Vinci a peint plusieurs tableaux, mais sa Joconde a fait le tour du monde et des époques. Pourquoi ? Parce que c’est le premier à oser peindre un sourire sur un visage. Et ce sourire va intriguer pendant des siècles. On n'en est pas encore aux dents : pour cela, il va falloir attendre l’hygiène dentaire du XIXe.
Le saviez-vous ? Léonard a peint deux Joconde en réalité. L’une étant la copie de l’autre.
Pour sourire, il faut des dents
L’hygiène buccale est au cœur du sourire. Et jusqu’au XVIIIe, c’est pas ça niveau chicots, quand on en a encore… Le roi Soleil lui-même n’avait plus une dent du haut à 30 ans ! Après la révolution française, les soins dentaires se popularisent, on a même recours à des prothèses en céramique. Et puis les révolutionnaires se sont affranchis de la morale chrétienne. Les femmes sourient dorénavant quand elles posent, et affichent leur bonheur maternel ; ça va pas durer longtemps, malgré l’arrivée de la brosse à dents et de la photographie au XIXe siècle ! Fini de sourire sur les portraits ! On redevient austère, même en famille !
Pigalle et le père Noël
Début XXe, les peintres français Lautrec, Anquetin, Degas, traînent leurs guêtres à Pigalle, et peignent les Parisiennes qui montent sur scène et qui aguichent un peu le client, en lui esquissant un sourire, bouche entrouverte, un rien coquin.
Ben oui, mon pôv monsieur, faut bien remplir les salles et faire consommer le client, et les filles tristes ça n’attire personne (il faudra attendre les mannequins de défilé pour ça, contraints de faire la tronche pour ne pas détourner le regard des vêtements à vendre !).
Grâce aux peintres de Pigalle, le sourire est désormais un argument commercial, efficace : qu’il inspire le plaisir, ou le bonheur, voire les deux ensemble comme ce sera le cas du Père Noël de Coca-Cola qui déguste un soda bien frais !
Avec l’avènement de la réclame, le sourire sera de mise : consommation plaisir ou bonheur, la consommation qui donne le sourire :) !
Parution : 28/07/2022
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