Le procès historique qui oppose les États-Unis d’Amérique à Google, a démarré le 12 septembre 2023, et devrait durer dix semaines. L’État américain accuse le géant du web de maintenir le monopole de son moteur de recherches, grâce à des pratiques qui limitent les chances des concurrents, ce qui est interdit par la loi anti-trust américaine.
Google détient plus de 90 % de parts de marché
En janvier 2023, Google détenait 92,21 % des parts de marché des moteurs de recherches dans le monde entier (source digital report 2023 - we are social). Si son concurrent principal, Bing, a connu une progression de 8,9 points cette année, il capte moins de 4 % des parts de marché.
Si on ne peut pas reprocher son succès au moteur de recherches américain, ses méthodes pour maintenir son monopole, en revanche, sont contestables.
Google paie pour être le moteur de recherches par défaut
Quand on n’est pas fabricant, comment faire pour que son moteur de recherches soit celui, par défaut, du navigateur installé sur un nouveau téléphone ?
Réponse : en payant le fabricant de téléphone. Et c’est là que le bât blesse !
Les premières semaines du procès ont d’ores et déjà mis en lumière que Google payait Apple pour être le moteur de recherches par défaut des iPhone et des autres appareils connectés d’Apple. À l’audience, on évoque le versement d’au moins dix milliards de dollars par an à Apple. Même modus operandi chez Samsung, qui aurait également signé un contrat d’exclusivité avec Google, ce qui est formellement interdit par la loi anti-trust.
Mais les fabricants de téléphone ne sont pas les seuls à avoir pactisé avec le géant du web. Des opérateurs de téléphonie mobile (comme T-Mobile ou AT&T, les équivalents américains d’Orange ou de SFR en France), ou des navigateurs, comme Mozilla Firefox, semblent également avoir contracté avec Google.
Bing de Microsoft, deuxième du classement, mais tellement loin derrière.
Bing occupe la deuxième place sur le podium des moteurs de recherches utilisés, avec 3,4 % de parts de marché dans le monde, en 2023. Malgré toutes ses tentatives d’approches, auprès d’Apple, Bing n’a jamais réussi à s’imposer. Pire encore, lors du procès toujours en cours, on évoque un surenchérissement de Google à chaque nouvelle négociation de Microsoft auprès d’Apple.
On comprend mieux pourquoi Bill Gates a tant investi dans l’IA d’Open AI : le chatbot, intégré dans BING est une opportunité non négligeable pour Microsoft, de récupérer des parts de marché ! Affaire à suivre…
ChatGPT, le Chevalier Lancelot de Bing
Dix milliards de dollars, c’est le montant investi dans le chatbot d’Open AI par Microsoft. Intégré dans le moteur de recherches, ChatGPT est certainement à l’origine de la croissance des parts de marché de Bing, qui ont augmenté de 6,7 % en France en janvier 2023..
Le déploiement de Bard, le chatbot de Google, en 2023, devrait avoir une influence sur ces chiffres en 2024 et en 2025.
Mais est-ce que tout repose sur Bard pour Google ? Pas sûr, car le géant américain souffre également de la détérioration de son image. Mis en demeure début 2022 par la CNIL en France, on lui reproche un manque de transparence sur l’exploitation des datas.
Google et Microsoft, à tour de rôle à la barre des accusés
En 1998, c'est Microsoft que l'État américain traînait devant la justice pour avoir abusé de la position dominante de Windows sur les PC et de son navigateur, Internet Explorer. Vingt-cinq ans après, c'est au tour de Google d'être appelé à la barre, pour le même chef d'accusation, et les équipes de Bill Gates se retrouvent du côté des témoins de l'accusation. L'histoire peut s'avérer cocasse...
Il nous faudra attendre avant d’avoir le fin mot de l’histoire, mais une chose est sûre, Google n’en a pas fini avec les tribunaux !
En plus de ce procès, le ministère de la Justice américain a déposé en ce début d’année une nouvelle plainte à l’encontre du géant du web, mais cette fois, sur son activité publicitaire. Ce nouveau procès pourrait se tenir l'année prochaine, en 2024…
Autres sources :
La Tribune : Google : coup d'envoi du procès antitrust historique aux États-Unis
Le Monde : Le procès Google, test majeur pour l’antitrust américain