Publicité : jusqu’où peut-on aller ?

Publicité de Benetton montrant des migrants en train d'être secourus

L’année 2018 a eu son lot de publicités scandaleuses.

En janvier, l’enseigne suédoise H&M retire de son site de vente en ligne une affiche jugée raciste. Un enfant noir porte un sweat vert à capuche avec l’inscription « singe le plus cool de la jungle ».pub raciste h&m



En février 2018, Nutella lance une campagne intitulée « La qualité, chez Nutella, c’est notre choix » sans mentionner ses 56% de sucre, 30% de matière grasse… et en « greenwashant » l’huile de palme qui constitue 1/5e de chaque pot. Pub Nutella
   
En mars 2018, Heineken retire une publicité dans laquelle un barman envoie une bière à une femme blanche de l’autre côté du comptoir. La bouteille glisse devant plusieurs personnes noires. A l’arrivée, le slogan affiche « Plus c’est clair, mieux c’est ! ». Pub heineken

En juin, Benetton renoue avec la provocation, avec une publicité montrant des migrants en train d’être secourus.

En août, une campagne contre l’homophobie affiche en grand sur des abribus « Pour qu’un femme aime les hommes, rien ne vaut un viol collectif », avec en petit et en bas d’affiche : « En Jamaïque, on viole les femmes pour les guérir d’être lesbiennes ».
   
La liste est sans doute plus longue mais notre objectif n’est pas d’être exhaustifs. Juste de questionner. Jusqu’où peut-on aller dans une campagne de publicité ? Jusqu’où peut-on aller à des fins commerciales ? Jusqu’où peut-on aller pour faire passer un message ? Peut-on avoir recours au racisme ? Peut-on travestir la réalité ? Peut-on porter atteinte à la dignité humaine ? Peut-on piétiner des valeurs de liberté et de laïcité ?
Chacun a une réponse très personnelle à ces multiples questions, et le débat pourrait être sans fin… sauf qu’il suffit, en France, de rappeler que la publicité est régie par un cadre éthique mis en ligne par l’ARPP*.

Nous en conseillons la lecture à toutes les personnes qui ont conçu et validé les campagnes mentionnées ci-dessous. Elles découvriront qu’un « message publicitaire ne saurait suggérer indûment une absence totale d’impact négatif », que « La publicité ne doit pas mettre en scène l’enfant dans des situations susceptibles de le dévaloriser ou de porter atteinte à son intégrité physique ou morale », que « Les illustrations ne doivent pas exploiter abusivement l’image de la détresse humaine »… and so on !

Fin du débat.

* autorité de régulation professionnelle de la publicité

Parution : 22/11/2018

Fil RSS