
En 2015, nous questionnions les influenceurs. Du moins le manque de transparence dans les relations commerciales entre influenceurs (instagrammeurs, youtubers, vlogggeurs...) et marques, ce qui pouvait à la fois induire en erreur les jeunes consommateurs et présentait une injustice envers les média traditionnels. Nous revenons sur le sujet du marketing d'influence pour voir comment les influenceurs sont perçus, cinq ans plus tard.
Les influenceurs, en perte de vitesse ?
Regardons les chiffres d'abord. Objectivement.
Enjoy Phoenix : 5 millions d'abonnés qui suivent ses conseils maquillage sur Instagram au quotidien.
Lena Situations : un livre de développement personnel en septembre 2020 au top des ventes et quelques 2,4 millions d'abonnés sur Instagram.
Toujours dans la mode, mais côté homme : Cornentin Huard et ses quelques 721 000 abonnés.
Idem dans d'autres secteurs : Squeezie et ses 13 millions de "followers" pour les jeux vidéos, ou encore Anil B et ses 699 500 abonnés qui le suivent de voyage en voyage !
Regardons aussi quelques données sur le marketing d'influence :
- un marché qui devrait peser 20 milliards de dollars en fin d'année
- 61% des consommateurs qui interagissent au moins une fois par jour avec un influenceur
- 17% des entreprises qui utilisent plus de la moitié de leur budget pour des campagnes de marketing d'influence
- et le tarif des influenceurs multiplié par 10 en 5 ans !
Et pourtant, les influenceurs sont-ils toujours aussi influents ?
On ne peut nier ces données. Et on ne peut qu'admettre que ces "stars" des réseaux sociaux, à travers leurs recommandations, influencent le comportement d'achat de leurs abonnés. Mais qu'en est-il du public ? Comment réagit-il à la perte de la spontanéité des premiers youtubers ?
Pas vraiment bien. Une page est en train de se tourner. Lors d'une étude datant de 2018, la société d'études de marché Kantar Média met au jour une nouvelle notion : la "BIF", à savoir "branded influencer fatigue". En français : le ras-le-bol des influenceurs. Mais pourquoi donc ?
Plusieurs raisons à cela :
- les abonnés n'apprécient pas que leurs "stars" multiplient les partenariats avec quantité de marques, devenant ainsi des publicités vivantes voire des distributrices de codes promo ;
- l'achat de faux abonnés (ou "followers fictifs") a décrédibilisé la démarche ;
- le nombre d'abonnés n'est plus synonyme d'engagement, en d'autres termes : en pourcentage, peu de fans likent, commentent, partagent ;
- certaines enseignes en ont assez des requêtes des influenceurs pour des produits ou autres séjours gratuits
- et les influenceurs eux-mêmes en ont ras-le-bol du concept même des réseaux sociaux et de leur côté "fake". Enjoy Phoenix écrivait d'ailleurs l'année dernière : "Pour être totalement honnête, je suis toujours tiraillée entre faire du contenu que j’aime. Ou faire du contenu pour que ce soit les autres qui l’aiment".